samedi 15 décembre 2012

Lili bouquine : Lucrèce Borgia de Victor Hugo

Titre en VO :Lucrèce Borgia
Editeurs : Pocket
Site de l’auteur :
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Ma note : 10/10
Quatrième de couverture : «C'est donc lui! il m'est donc enfin donné de le voir un instant sans péril! Non, je ne l'avais pas rêvé plus beau! Ô Dieu! épargnez-moi l'angoisse d'être jamais haïe et méprisée de lui. Vous savez qu'il est tout ce que j'aime sous le ciel!» Lucrèce Borgia, cette femme sans scrupules dont le nom est honni par l'Italie tout entière, cette femme qui a commis les crimes les plus horribles, adultère et incestueuse, cette femme aime, plie et tremble devant un homme: son fils. Mais elle a beau essayer de la repousser, la fatalité les rattrape toujours, jusqu'au terrible dénouement que rien ni personne ne pouvait empêcher... La vie de cette duchesse de Ferrare (1480-1519), qui fut en réalité un instrument politique aux mains de son père et de son frère, inspira à Victor Hugo l'une de ses plus belles tragédies.

MON AVIS SUR LE LIVRE


Pour ma part, je trouve qu’il n’a pas meilleur façon de retrouver goût aux classiques que par le biais d’une pièce de théâtre. C’est souvent très rapide à lire, assez fluide et nous n’encourons pas le risque d’être pris dans un tumulte de descriptions incessantes. C’est, autrement dit, une valeur sûre.

Je me suis plongée dans cette tragédie, Lucrèce Borgia de Victor Hugo, car j’avais envie d’en lire davantage au sujet de cette famille de la Renaissance italienne qui a fait couler beaucoup d’encre (et de sang également), mais aussi parce que j’apprécie la plume de Victor Hugo. Un auteur qui, selon mon point de vue, figure parmi les plus grands. Pour ne pas dire LE plus grand auteur français. Il est, pour moi, celui qui incarne notre patrimoine et dont les histoires – Les misérables, Notre Dame de Paris, pour ne citer que celles-ci – ont touché énormément de personnes et ce, dans le monde entier. Les textes de Hugo traversent les ans presque sans vieillir, un peu dans le genre de Voltaire, ou bien de Molière, à la droite desquels il se trouve assis au temple de la littérature francophone. J’aime également la dimension politique, sociologique sans en avoir l’air (ou du moins pas toujours) que prennent ces écrits, et également le fait que l’écrivain ait touché à tout. Poète, dramaturge, écrivain, il en a fait pour tous les goûts.

C’était un homme qui avait des idées et qui savait les revendiquer, quitte à ce que cela lui porte préjudices. Peu ignore les vingt ans d’exil qu’il a récolté pour s’être opposé à l’empereur Napoléon III, et j’en suis d’autant plus fascinée lorsque l’on constate sa témérité. Jamais il n’a renier ces idées, quoi qu’il lui en coute. C’est aussi pour cela que j’aime Victor Hugo.

Mais ceci résulte d’un tout autre débat que ce dont je dois vous parler ici. Lucrèce Borgia fut donc une très bonne découverte, très facile d’accès et vraiment intéressante.

La pièce n’est absolument pas à prendre sous le point de vue historique, cela n’est en aucun cas un documentaire, et n’en a pas la moindre prétention. Et si parmi la liste des personnages nous en retrouvons certains ayant réellement existés, comme Lucrèce Borgia (fille reconnue du pape Alexandre VI) et son troisième époux Alphonso d’Este par exemple, ils auraient pu être remplacés par des personnages fictifs assez aisément, cela n’aurait fait aucune différence.

Vous l’aurez peut-être compris, le sujet principal de ce drame n’est pas la fille du pape Alexandre VI. Le but de Victor Hugo n’était pas de faire une biographie, ni même de nous faire part d’un bref épisode de la vie de Lucrèce. Je soupçonne d’ailleurs tous les éléments de la pièce d’être purement fictifs. Le sujet véritable de Lucrèce Borgia, celui qui m’a sauté aux yeux tout du moins, est l’importance que l’on porte aux préjugés pour construire un jugement.

Ainsi, je pense que Hugo a choisi d’utiliser la notoriété des Borgia, dont les rumeurs à leur sujet vont bon train, même encore aujourd’hui, pour donner plus de texture à son développement. Pour fournir au lecteur quelque chose de solide à se mettre sous la dent en quelque sorte, quelque chose de concret. Et si le drame aurait parfaitement fonctionné avec des personnages inventés de toute pièce, je suppose néanmoins que l’impact n’aurait pas été le même.

Le personnage central, Gennaro, est aveugle du début jusqu’à la toute fin de l’œuvre, et en cela réside tout l’intérêt du texte. Il se laisse guider par les rumeurs, les on-dit, et ne prend pas le temps d’observer la réalité qui l’entour pour édifier ces propres idées. Il hait une femme qu’il n’a, pour ainsi dire, jamais rencontré, il clame à qui veut bien l’entendre sa répulsion pour Dame Lucrezia Borgia dont il ignore tout en réalité. L’absurdité d’un tel raisonnement accentuera la fatalité de la pièce.

De l’autre côté, nous avons Lucrèce Borgia, consciente du dégoût de Gennaro (un être qui lui est cher depuis leur rencontre au début de la pièce) qui tâchera de se remettre en question, de comprendre la répugnance que peuvent avoir les gens – et spécialement Gennaro – à son égard. Ainsi, la rétrospection, dont fait preuve la fille du pape, est également mit en avant comme sujet principal.

Victor Hugo inclut également nombreux sujet, duquel il parle très brièvement, comme la cupidité des hommes notamment grâce à cet échange de répliques entre Lucrèce et son bras droit Gubetta :

« Je suis un de leurs meilleurs amis. Je leur emprunte de l’argent.
— De l’argent ! Et pour quoi faire ?
— Pardieu ! Pour en avoir. »


Il nous parle également des relations hommes/femmes de toute nature, du vice en général, du fait que les hommes ont la fâcheuse tendance à voir la paille dans l’œil d’un autre et non la poutre dans le leur, du mensonge qui régit la vie de chacun et j’en passe et des meilleures. Autrement dit, bien que certains sujets ne soient qu’effleurés en surface, Lucrèce Borgia est une pièce plutôt riche. Une pièce qui fait réfléchir de la même manière que le ferait une remarque anodine dite par un ami et qui ferait tourner les engrenages dans notre caboche jusqu’à y voir plus clair à ce sujet. Hugo ne nous donne pas les réponses toutes prémâchées et c’est cela que j’aime beaucoup.

En parallèle nous retrouvons l’écriture fluide et poétique de l’auteur qui, pour ma part, m’a vraiment enchantée, ainsi que tous les éléments réunis ici pour créer une belle tragédie. Empathie pour les personnages – même les plus sombres –, quiproquos, fatalité. Tout est là pour nous faire passer un bon moment.
Un classique que je recommande chaleureusement donc !

ON ADORE : Les idées développées, la construction du récit, les personnages, la plumes de l’auteur.
ON REGRETTE :Le spoiler dans la liste des personnages en début de pièce (NE LA REGARDEZ PAS !!!)


2 commentaires:

  1. Coucou! Si jamais, le vrai titre c'est "Notre-Dame de Paris" (titre complet : Notre-Dame de Paris. 1482)
    Le Bossu de Notre Dame c'est la version Disney ;)
    Bisous!

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  2. Mon dieu, j'ai écrit "Le bossu de Notre Dame" ??? oO
    Merci de me le faire remarquer ! XD

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